Lou 2
Lou
Quand Enek m’a fait son speech, je n’ai pas pu m’empêcher de pense au vide sentimental contre lequel je me bat depuis ma dernière rupture. Ce petit arrogant de coloc touchait une corde sensible, il en était conscient, mais il ne savait pas à quel point. Alors quand j’ai marqué le coup par mon silence, il s’est senti con. Et il est redevenu le type charmant que je supporte à l’appart. Nous sommes allés déjeuner au Ru, au milieu du brouhaha, il m’a raconté quelques vannes, des aventures de son expérience de barman cet été dans le café de son oncle, il m’a fait parlé comme si ça l’intéressait, et je me suis prise au jeu de la discussion sans intérêt. Une discussion entre copains. A la fin du repas, en déposant nos plateaux, il m’a tenu par l’épaule le temps que nous arrivions dans la rue, et nous sommes repartis chacun de notre côté, à nos études respectives en marmonnant un « à ce soir à l’appart ».
Ce n’était donc pas un plan drague, mais simplement une forme d’excuse pour ce matin. C’est du moins ce que je veux en retenir. Amélie était persuadée du contraire.
-T’as les yeux bandés ou quoi ?
-C’est peut être ça, mais il y a tout un tas de raisons qui font que c’est comme ça que ça doit être. Ça ne passerait pas à l’appart si il devait y avoir une relation. Et puis il n’y a pas de sentiment, ni de son côté ni du mien.
Amélie me regarde avec un sourire lourd de sous entendu.
-Amélie, tu rajoutes le moindre commentaire, tu te débrouilles toute seule pour le dossier de littérature médiévale !
-Très bien, très bien.
Nous entrons dans la salle de cours quand je l’entends me glisser à l’oreille :
-Tu te voiles quand même bien la face…
-Amélie !